Une mesure applicable dès 2016 ?

Le 23 novembre dernier, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a déclaré à l’Assemblée nationale : « Je suis favorable à la publication d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) du Truvada, un médicament qui doit nous permettre d’avancer significativement dans la lutte contre le VIH ».

Cette RTU permet d’utiliser un médicament en dehors des champs de prescription initialement prévus par l’autorisation de mise sur le marché (AMM) nécessaire à la commercialisation de tout médicament en France. Concrètement, la RTU permettrait de prescrire le Truvada dans un but préventif, et non plus seulement thérapeutique. La ministre a ainsi indiqué que la prise en charge à 100% du traitement à titre préventif serait effective début 2016.

520 € la boîte de 30 comprimés

Lancé en 2005, le Truvada est une combinaison d’antirétroviraux et il est aujourd’hui prescrit aux malades du SIDA. Dans différentes études sur ce médicament (programme Proud au Royaume-Uni, essai Ipergay en France), les médecins ont constaté que, pris quotidiennement, ou dans les heures précédant ou suivant un rapport sexuel à risque, il réduisait très fortement le risque pour une personne saine d’être contaminée par le virus VIH. D’après les résultats de ces études, le Truvada serait efficace à 86%.

Aux Etats-Unis, le traitement à titre préventif par Truvada est déjà autorisé. La France serait donc le 2ème pays à autoriser son utilisation en dehors de son champ normal de prescription, dans le cadre d’un traitement préventif. Toutefois, Marisol Touraine a clairement rappelé que le Truvada n’avait pas vocation « à se substituer au préservatif ».

Entre avancée et inquiétudes

Les associations de soutien aux malades du Sida, notamment Aides, saluent le remboursement à 100% de ce traitement, qui pourrait « révolutionner la prévention au VIH ». Après la commercialisation des autotests de dépistage du Sida depuis septembre dernier, il s'agit d'une nouvelle avancée dans la prévention et le dépistage de cette maladie.

Mais d’autres voix s’inquiètent à terme d’une déresponsabilisation du public face au Sida, consécutive au remboursement à 100% d'un traitement médicamenteux préventif. D’autres déplorent que le préservatif, lui, ne soit toujours pas pris en charge, alors qu’il reste le moyen le plus efficace de se protéger du VIH, et à un coût bien inférieur !

Reste que cette mesure est inscrite dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2016. Le texte est toujours en discussion au Parlement et achoppe notamment sur le projet de labellisation des mutuelles seniors. L’usage du Truvada à titre préventif est donc encore à prendre au conditionnel.

Pour aller plus loin

BR, TR, PMSS… Comprendre les remboursements de la Sécu et de votre mutuelle